Rapport moral présenté par le président François Fillon à l’Assemblée Générale du 19 octobre 2022

Devant une assemblée très attentive, le Président François Fillon a rappelé les objectifs de l’Association et les raisons de son engagement puis souligné les enjeux de la situation des Chrétiens d’Orient qui se dégrade d’année en année et évoqué les conséquences pour l’Europe du conflit en Ukraine :

« Les objectifs prioritaires qui guident nos actions :

1) Sensibiliser les gouvernements et les opinions publiques en France, en Europe, au Moyen Orient, contribuer au débat public et participer à la prise de conscience des enjeux du maintien des chrétiens chez eux ;

2)  Soutenir des actions de terrain :

– actions en matière éducative ;

– actions visant à aider les Chrétiens et les minorités à se réinstaller sur leur territoire ;

3) Conduire toute action humanitaire d’urgence nécessité par la situation au Proche-Orient, notamment en apportant aide alimentaire et sanitaire aux associations -souvent chrétiennes- qui portent assistance aux populations, sans aucune distinction.

Notre association, même si elle est bien modeste au regard des enjeux de la situation actuelle, porte mon engagement ancien en faveur de la Cause des Chrétiens et des minorités culturelles et religieuses d’Orient. Je veux vous faire aujourd’hui un point de situation qui n’est guère optimiste :

La situation des chrétiens d’Orient ne s’est hélas pas améliorée en 2022 :

Au Liban qui reste le seul pays du Moyen Orient où les chrétiens sont totalement libres d’exercer leur religion et ne sont frappés d’aucune discrimination, leur situation se dégrade de jour en jour en raison d’une crise économique sans précédent qui fragilise l’équilibre politique précaire du pays.

Cette crise est due à l’incurie des pouvoirs publics, profite au Hezbollah qui apporte une aide sociale aux populations chiites pauvres grâce à l’aide financière de l’Iran et au contrôle d’une partie de l’économie libanaise.

Une crise aggravée par l’explosion du port ;

Une situation qui ne mobilise plus guère l’Occident lassé des débats politiques libanais stériles mais surtout concentré sur ses propres difficultés liées à la guerre en Ukraine et à la crise énergétique qu’elle a engendrée.

L’Europe cherche du Gaz et du pétrole quoiqu’il en coûte !

La seule lueur d’espoir est venue de l’accord conclu entre Israël et le Liban sur la délimitation des frontières maritimes qui permettra l’exploitation par le Liban des gisements de gaz de Karish et Cana et qui laisse entrevoir une amélioration des relations entre les deux pays.

Fondamental quand on sait que le Liban paie le prix fort de la création d’Israël et de l’exode des palestiniens qui l’a suivie.

Le Liban reste, malgré tout, la seule terre complètement libre pour les chrétiens au Moyen Orient.

C’est la raison pour laquelle le Liban concentre la plus grande part des efforts de notre association.

Je me rendrai à Beyrouth en décembre.

En Syrie : 350 000 morts – 13 millions de réfugiés – 14 millions de syriens dans l’extrême pauvreté.

Damans ne contrôle qu’environ 70% du territoire.

Une reconstruction estimée à 250 milliards de dollars.

Une normalisation lente avec les pays de la région.

En Irak : La situation des chrétiens est très difficile.

De 1,5 millions en 2003, les chrétiens en Irak sont aujourd’hui moins de 400 000 : Un effet collatéral de la guerre menée par les USA.

Un pays instable ou les chrétiens sont régulièrement la cible de violences et de discriminations.

Une lueur d’espoir avec le voyage du Pape : Les chrétiens sont considérés avec plus de respect. La restitution des biens volés par l’État Islamique a fait l’objet d’une loi votée en 2021.

Mais le pays reste paralysé sur le plan politique et l’avenir y est sombre.

En Égypte : Les persécutions contre les Coptes ne cessent pas comme en témoigne l’arrestation en janvier par les forces de sécurité de 9 coptes coupables d’avoir voulu rebâtir une église dans la région d’El Minya ou encore l’incendie d’une église copte au Caire en août dernier qui a fait 41 morts dont 18 enfants.

Le nouvel ordre mondial qui risque de sortir de la guerre en Ukraine pourrait aggraver cette situation :

La guerre en Ukraine porte en effet en germe un nouvel ordre mondial qui affaiblit l’Occident.

5,1 milliards d’hommes vivent dans des pays qui refusent de condamner la Russie et d’appliquer les sanctions décidées par les américains et les européens.

Cela ne signifie pas que ces pays approuvent la guerre, loin de là. Mais cela signifie qu’ils ne veulent pas du leadership occidental après les désastres de l’Afghanistan, de l’Irak ou de la Syrie.

La question n’est pas de savoir si la guerre menée par la Russie est légitime ou non ! La question est celle des conséquences pour l’Europe de ce conflit qui aurait dû être évité.

Les deux grandes questions stratégiques pour l’Europe aujourd’hui sont toujours celles de la domination économique de la Chine et de la persistance d’un totalitarisme islamique qui menace la paix sur son propre territoire et non celle d’une menace impérialiste russe imaginaire.

Le dégel des situations créées par la chute de l’URSS commence seulement : Crimée, Donbass, Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan …

La réponse à ces crises ne peut pas être l’adhésion à l’OTAN et l’élargissement de l’Union Européenne à tout va !

Il faut stopper l’escalade militaire, forcer la Russie et l’Ukraine à négocier un accord de paix en sollicitant l’aide de la Chine et de l’Inde, engager un travail de fond sur la sécurité en Europe.

Tout autre stratégie est vouée à l’échec et risque de déboucher sur un conflit généralisé. »

A l’issue de son exposé, le président a répondu aux nombreuses questions de la salle, avant de rendre compte des activités de l’Association (voir l’article complémentaire)