Tribune de François Fillon :
Le voyage du Pape François en Irak est un magnifique symbole d’espoir pour les chrétiens d’Orient, pour l’Irak désintégré depuis l’intervention américaine de 2003, pour le Moyen Orient qui doit apprendre le chemin de la tolérance et de la coexistence pacifique pour retrouver la voie du développement et du progrès.
En se rendant en Irak le pape a d’abord eu le mérite de rappeler au monde le sort des chrétiens d’Orient oubliés de tous et d’abord des européens qui peinent à comprendre que la disparition de cette modeste communauté préfigure leur sortie de l’Histoire.
La persécution des minorités au Moyen Orient n’est pas un évènement nouveau mais là où les palestiniens reçoivent officiellement le soutien des pays arabes, les juifs celui des États Unis, les chrétiens d’Orient sont désespérément seuls. La France, l’Italie et l’Espagne qui devraient être leurs protecteurs n’osent guère altérer leurs relations avec le monde arabe en prenant leur défense. Pire, pour beaucoup de responsables politiques et de commentateurs sans culture historique, les chrétiens d’Orient n’ont plus leur place dans cette région parce qu’ils sont chrétiens et donc intrus en terre d’Islam. C’est oublier que leur présence y est plus ancienne que celle de la religion musulmane.
Certes la lutte contre l’Etat Islamique a permis pendant quelques mois de mobiliser les opinions en leur faveur mais cette lutte était initiée par les attentats sanglants perpétrés par ces totalitaires islamiques en Europe bien plus que par le sort des habitants de Mossoul ou de Karakoch.
Le dialogue du Pape François avec le grand ayatollah Ali Al Sistani sur cette terre irakienne où l’intolérance et la fureur semblaient avoir chassé toute trace d’humanité est venu rallumer l’espoir. Leurs échanges opposent un démenti cinglant à tous ceux qui instrumentalisent l’islam au service de leur projet politique totalitaire et rendent l’espoir à ceux qui ont foi dans le message pacifique, humaniste et profondément généreux qui est l’essence des religions.
L’accueil chaleureux et enthousiaste réservé au Pape, tant par les dirigeants irakiens que par les habitants des régions qu’il a visitées, donne la mesure de la force de l’église chrétienne dans le monde, bien loin de l’image qu’en véhiculent la plupart des médias occidentaux et encore plus loin des contre sens des dirigeants politiques qui voudraient croire que les religions appartiennent au passé et que le progrès de l’humanité passe par leur marginalisation dans une laïcité intransigeante.
Plus de deux mille ans après, le message du Christ reste vivant en Irak malgré des siècles de persécution comme il reste vivant en Russie après quatre-vingt ans d’effort du pouvoir soviétique pour l’extirper du cœur des russes ou comme il renaît timidement au cœur d’une Chine qui l’a combattu sans merci.
Puisse ce symbole inspirer les dirigeants européens pour qu’ils se mobilisent enfin pour assurer le retour des chrétiens d’Orient chez eux et leur permettre d’y vivre en paix. Le Pape François a restauré l’espoir mais c’est à la communauté internationale de prendre ses responsabilités au Liban comme en Irak où se joue le sort de la relation qui nous unit au berceau de notre civilisation et le rayonnement de nos nations dans le monde.